Voici un exercice de style bien difficile, que celui de parler du travail artistique d’une personne, d’autant plus quant il s’agit d’un ami, parce que c’est avant tout l’expression d’une vision subjective, qui s’inscrit dans une volonté de transmission publique, et donc nécessairement discutable.
Ce petit préambule à pour objet d’inscrire mon propos, non pas dans un écrit qui se voudrait dogmatique, mais plutôt dans celui d’un témoignage qui se veut l’expression d’un sentiment personnel face au travail artistique de Daniel Moussier.
Lors de son exposition chez “Mauboussin“, ma première réflexion, certes un peu facile était de trouvez très “Punk“ le fait que Daniel expose son travail dans un lieu aussi représentatif des antipodes que je me fait du personnage.
Au travers de cette réflexion rapidement consommable, il s’agissait plutôt de souligner le décalage que je ressentais entre la liberté d’expression artistique avec lequel Daniel a entreprit son travail et ce lieu représentatif d’une société où l’image doit être contrôlé, maîtrisé, où le paraître est un fond de commerce.
Je dois d’ailleurs reconnaître une certaine liberté intellectuel à Mauboussin propre à la noblesse d’un esprit de mécène pour son soutient à Daniel en prêtant gracieusement son espace dans un lieux aussi prestigieux, que la place Vendôme.
Portrait de femme, car c’est de cela dont nous parle Daniel. Il nous en parle avec une totale liberté, car c’est un travail qu’il à commencé comme une démarche personnel sans nécessairement planifier de le montrer, une sorte de jeux un peu à la manière d’un cadavre exquis réinterprété : “donne moi une image de toi, et je te dirais comment je la vois“, où l’interprétation devient l’expression d’un ressentit.
Et ce ressentit chez Daniel est riche, sans complaisance, parfois brutal, parfois évanescent, mais jamais gratuit. Il est le résultat d’une rencontre entre une image capté dans le réel et une appropriation mental de ce qu’elle provoque chez lui.
Au travers de ces portraits, je trouve que Daniel nous propose un regard qui montre avec une certaine justesse la complexité des relations que l’homme peut entretenir avec les femmes.
Ici la femme est à la fois icône, projection du désir, mais dans un même temps son traitement parfois sombre, acidulée ou sinueux nous invitent à lire l’image différemment, à projeter une psychologie du sujet plus complexe, une madone pas si ingénue qu’il n’y paraît.
C’est ce que j’aime dans le travail de Daniel, c’est que l’image qui nous est présenté n’est pas évidente, et pour peu que l’on accepte de s’y attarder on se laisse vite embarquer dans un autre discours, plus critique, où derrière l’académisme apparent de la pose d’un modèle, se cache un regard plus abrupte, qui nous évoque d’autre sentiments, de femmes sublimé ou au contraire abimé.
La proposition visuelle de Daniel, à mon sens, laisse toute la place au spectateur pour créer sa propre histoire face à chacune de ses images, il laisse une place importante à l’interprétation, à la recréation, et c’est en cela que pour moi Daniel s’inscrit définitivement dans une démarche artistique.
Enfin, et parce que je connais un tout petit peu Daniel, je suis assez curieux de suivre l’évolution de son travail, car si je le connais, comme beaucoup de personne, pour son trait de caractère emporté ; ce qui à mes yeux l’inscrit dans le monde des vivants encore capable de réagir face à une certaine absurdité qui régis nos sociétés.
Je devine chez lui aussi une véritable appétence pour l’expérience de vie, une vraie curiosité des autres.
Et je crois que ses deux traits de caractère souvent en conflits mais jamais antinomique, sont des piliers fondamentaux pour nous inviter dans un voyage intelligent et sensible qui nous questionne, et nous fait vivre. Et c’est tant mieux pour nous.